Les siddhas, les maîtres parfaitement réalisés
du Tsa-rLoung, et les siddhis, leurs pouvoirs parfaitement miraculeux.
Par Lama Detchen Kunzang Trinley.
"Sans un corps humain, celui qui est pourvu de naissance en ce monde ne peut ni atteindre la réalisation, ni obtenir
l'état de jouissance-vacuité. C'est pourquoi, à cause de la destination du corps qui est l'Éveil, il faut pratiquer l'union des veines subtiles chaque jour, au moment approprié. Une fois le corps
établi dans la pratique, d'autres réalisations le servent dans les trois mondes",
Tantra de Kalachakra, strophe 107.
Les siddhis sont les capacités physiques et psychiques que présentent les yogis qui ont atteint au moins la première "Terre-pure" du Bouddhisme, c'est à dire en termes tantriques ceux qui ont accumulé au moins 1800 gouttes d'essence blanche masculine dans leur çakra secret ( du sexe / anus ). Or, ces essences mâles ne sont pas forcément accumulées au sacrum pour devenir, lors de leur progression de çakra en çakra dans le canal subtil central, des souffles de sagesse. Ils sont le plus souvent retenus à divers endroits du corps où ils se transforment en souffles karmiques, des radiations empoisonnées qui en retour vont attirer des incidents et des maladies.
Il convient donc de favoriser, voire d'activer le processus de migration des essences blanches vers le sacrum. La méditation est un moyen universellement connu et il est tout à fait significatif que le nombre d'essences blanches que nous produisons lors de notre existence corresponde, en termes de durée temporelle, au temps de la retraite traditionnelle bouddhique de trois ans et trois mois.
Certains moments de la journée sont plus favorables à cette accumulation neurale, et donc au yoga des souffles ( Tsa-rLoung ),notamment cinq heures identifiées par Mohamed, le paraclet de l'Islam, où sont pratiquées cinq inclinaisons corporelles et oraisons vers la Mecque. Le Ka'ba est un météorite de l'Étoile Polaire, vers lequel les croyants se tournent pour dépolariser leurs souffles internes et produire l'empilement des essences. Le pèlerinage rituel, lors duquel le fidèle tourne trois fois en sens anti-cosmique après avoir lapidé le Satan, est un exercice initiatique, équivalant aux trois degrés habituels de l'ésotérisme ( que l'on retrouve également dans les ReiKi Sho-den, Oku-den et Shinpi-den mais aussi les trois grades d'apprentis, compagnon et maître de la Maçonnerie médiévale ).
Dés l'accumulation d'essence suffisante ( 3600 par çakra, ce qui correspond à deux mois ininterrompus en durée de méditation ),certaines capacités physiques et psychiques se manifestent spontanément. Les siddhis sont classiquement au nombre de huit : l'épée du pouvoir d'invincibilité, l'élixir de la vision pénétrante qui permet de voir la réalité subtile et les dieux, la capacité de délocalisation - notamment par la course rapide, l'invisibilité, l'élixir de jeunesse, la faculté de lévitation, le pouvoir de guérir, le contrôle des psychismes et des démons.
Ceux qui présentent un total développement de ces pouvoirs sont appelés siddhas. La tradition tantrique en dénombre 84, appelésmahasiddhas, et qui vécurent du 8ème au 12ème siècle en Inde. Il en existe de nos jours encore dans les trois lignées du Tantrisme : le Shivaïsme du Cachemire ( Swami Muktananda, U1982 ), le Vajrayana tibétain et le Mikkyô nippon.
Les siddhas, par leurs pratiques yogiques, transforment toutes leurs tendances karmiques en souffles de sagesse. Lorsqu'ils approchent un être du Samsara, leur influence guérit spontanément, libérant leurs proches de l'emprise du karma. Ce fait explique qu'il était possible de pratiquer le ReiKi au contact de Mikao Usui et sans initiations formelles, comme celles que nous connaissons. Cette opération magique se produit également à certains moments clefs de l'histoire, où, selon le Tantra de Kalachakra, le monde des "Terres-pures" ( Shamballa ) entre en contact avec la sphère terrestre. Le fondement du Japon, par exemple, est sensé remonter à six millions d'années lorsque le Kami de Vénus descendit sur Terre pour donner naissance au Tennô et à toutes ses créatures.
L'opération qui consiste à drainer les essences blanches vers le sacrum et l'essence rouge vers le sommet du crâne est à l'inverse du processus naturel. Alors qu'à l'état normal l'essence blanche monte au crâne pour alimenter les vies karmiques et que l'essence rouge se stocke au ventre pour stimuler l'appétit, à l'état inversé l'adepte se nourrit des essences rouges extérieures sans passer par l'alimentation et utilise les essences blanches pour dissoudre ses souffles karmiques. A-ah ! Voilà un grand secret !
Chaque çakra du système tantrique ( 5, 6, 7, 8, 21 selon les systèmes ) est associé à deux "Terres-pures" ( dans le système à 6 çakras et 12 Terres-Pures du Kalachakra ) que nous prenons en appui. Lorsque l'empilement d'essences blanches dans le canal central a atteint le sommet du crâne, le pratiquant réalise l'état de Bouddha. Pour accélérer ce processus, qui prend au moins 100 ans lorsque plus aucune essence blanche n'est gaspillée et transformée en souffles karmiques du fait d'actes non-vertueux, il est nécessaire de produire une chaleur psychique ( Tib. Tummo ) dans le çakra du nombril. Dans le ReiKi, c'est l'initiation, en connectant l'adepte à l'axe de Kuramayama, qui opère spontanément cette chaleur et le dispense de tout effort d'accumulation ( comme la méditation ). A-ah ! Quelle science que ce ReiHô !
Au terme de la pratique du ReiKi, les 21.600 essences blanches nécessaires à l'Éveil complet se sont écoulées par groupes de 3.600 dans le canal central et ont neutralisé les 21.600 tendances karmiques susceptibles de maintenir l'adepte dans le cycle des existences. Les principales de ces tendances sont localisées dans la zone du cœur. Dans le Sutra de MahaVairochana utilisé par Mikao Usui, on reconnaît particulièrement 160 "cœurs mondains", qui sont autant de causes de renaissance et autant d'obstacles à l'Éveil.
La maladie.
Les trois poisons de la conscience ( ignorance, haine, désir ) suscitent, par l'accumulation de souffles karmiques ( soit du fait d'une mauvaise hygiène physique et psychique de vie, soit du fait d'un terrain acquis dés la naissance du fait du karma ), l'apparition de trois tendances énergétiques à partir de l'énergie vitale en circulation dans le Cosmos ( sRog-rloung ), et donc dans le corps. Les trois tendances, ou humeurs ( Skt., Dosha ), sont prises en grande considération par les médecines ayurvédique et chinoise du Tibet( tamas, raja, sattva dans la Bhagavad-Gita, kapha, pitta, vatta dans l'Ayurvéda ). On les connaissait également en Occident dans la médecine "spagyrique" ( de Paracelse ).
Dans le yoga des souffles ( Tsa-rLoung ), chacune des tendances est associée à un canal subtil principal du système tantrique : le canal central et ses deux canaux latéraux de natures lunaire et solaire. Un des objets du yoga est l'unification des ce trois dans la veine centrale : l'Ardente ( ou Sushumna nâdi ). L'énergie interne de l'adepte retrouve alors la même qualité que l'énergie cosmique. Le Ki interne obtient les qualités du Ki externe ou cosmique : le Rei-Ki. Les trois tendances disparaissent alors, ramenant le yogi dans l'état de Hamsa, c'est à dire d'être solaire. On voit tout à fait ces trois tendances sur le signe de l'Anthakharana du ReiKi-Raku-Kei, et sur le Triskel celtique. En tournoyant, ce Tomoye ( Jap. ) n'est plus perçu que comme une roue en mouvement.
Or, la médecine tantrique considère que le terrain congénital influence la circulation du Ki, tout dominé qu'il est par une des trois humeurs. Lorsque les trois tendances sont unies, le corps tout entier respire au rythme du zodiaque solaire du nombril : il s'agit donc bien dans ce cas de l'apparition d'un être solaire. Lorsque domine une humeur, l'énergie produit des effets "de terrain" ( "La maladie n'est rien, le terrain est tout", a dit Pasteur à sa mort ).
En réalité, tant que l'union tantrique ne s'est pas produite, nous sommes malades, au moins de façon latente, et nos champs de vision et de conscience réduits à une perception névrotique de la réalité ( induite par notre humeur dominante ). Nous sommes déconnectés du monde, comme une sorte de virus plus ou moins actif, prés à contaminer son milieu de ses vues partielles. Dés lors, il est nécessaire de laisser la religion encadrer notre action sur le milieu ( on passe à l'état lunaire ).
Soigner consiste à recréer un échange d'énergies nous intégrant harmonieusement dans la totalité du vivant dont nous faisons partie, physiquement, psychiquement et spirituellement. Nous pouvons seulement alors nous sentir vraiment unis à la force de vie universelle qui anime tous les êtres. C'est cet état que nous entrevoyons lors des soins de Reiki, mais qui au terme de la pratique doit s'actualiser en permanence.
Les démons.
Tout comme les essences blanches peuvent former des souffles karmiques lorsqu'elles ne sont pas empilées dans le canal central ou des enfants lorsqu'elles s'écoulent dans une partenaire féminine, les essences blanches du Cosmos peuvent former des êtres karmiques, dénués de sagesse, lorsque l'espace n'est plus cosmisé avec son axe central et son centre spirituel. C'est l'homme terrestre ( ou nomade dévié ) qui apparaît dans l'hémisphère Nord, totalement sous l'emprise de la Matrice karmique.
Pour les aider à sortir de cet état d'enfermement, la religion lunaire propose d'encadrement artificiellement, et provisoirement, les individus terrestres dans un filet énergétique et psychique, qui normalement n'est propre qu'à l'hémisphère Sud de la Terre : c'est la sédentarisation autour d'un axe. Les individus qui peuvent recevoir ce sacrement sont alors séparés en trois castes, en accord avec leur humeur dominante : tamas - pour les laboratores, raja - pour les bellatores, et sattva - pour les oratores. Ceux qui ne peuvent entrer dans ce schéma sont utilisés comme force motrice ou rejetés comme démons ( gaijin au Japon ).
Une fois le processus de lunarisation accompli, les individus peuvent retrouver une vie nomade, au rythme de roues du temps interne calées sur les roues externes, donc sans aucun risque que leurs essences blanches ne se transforment en souffles karmiques. Cet état est à proprement parler celui du Tennô nippon ( l'Empereur ), perçu comme un dieu par l'homme lunaire et une menace par l'homme terrestre.
Le nomade divin, qui accepte de servir au centre d'un espace cosmisé, suit un rituel de diffusion d'influences spirituelles sur la société. Ainsi, l'Empereur de Chine circulait, comme la goutte neurale secondaire guérisseuse émise par le cœur, en suivant le mouvement du Soleil à l'intérieur du Temple de la Lumière, de forme carrée. Ainsi, l'influence du Ciel se matérialisait au bénéfice du groupe lunaire. Dans la pratique de l'Anthakharana du Reiki-Raku-Kei, c'est au contraire le Lama qui est immobile sur un chariot carré au centre d'une sphère. C'est ainsi l'influence de la Terre qui se spiritualise, pour le transformer en homme solaire. On retrouve tout cela dans la pratique du tumulus chez les Celtes.
[ Soit dit au passage, et quand on sait que c'est de la résidence d'été des présidents américains que le judaïque athée Roosevelt a lancé l'attaque atomique sur le Japon, on peut s'interroger sur les influences mises en œuvre à la Maison Blanche par "l'homme le plus puissant du monde" dans son bureau ovale, meublé d'un bureau carré … Et d'autant plus si l'on tient compte du fait que laBoston Tea Party à l'origine de l'indépendance américaine avait été organisée par la loge franc-maçonnique locale. C'est là l'envers subtil du monde moderne et ses sources d'inspiration qui sont signés. Du côté judaïque et athée, un auteur, pourtant loin de ce type de problématiques, comme Guillaume Dustan s'interrogeait sur les effets du magistère moral que sa communauté s'est vu attribuée de fait sur la société française, et plus généralement sur le commerce international. On est donc loin des caricatures fasciste ou nazie, et cela explique l'attitude parfois incompréhensible des royalistes de plusieurs contrées d'Europe ( l'Action Française, par exemple ), et même de la fraction traditionaliste de l'Eglise Catholique. René Guénon en son temps soulignait déjà les dangers du nomadisme dévié, et c'est ce type d'influence, qui n'est spécifique à aucune race ou nationalité, qu'il convient ici de prendre en considération. ]
Lorsque le Tennô devient invisible ( comme en Europe ) et qu'est perdue la clef du Ciel, la lunarisation de l'homme ne peut conduire qu'à une fuite dans le temps sur les souffles karmiques de la transmigration. A terme, tout compréhension traditionnelle est perdue, le sol s'ouvre et c'est un axe de communication inversé vers les régions infra-cosmiques qui s'opère. En remontent toutes sortes de larves psychiques et d'énergies fossiles, exhumées par l'archéologie et la technicité prométhéenne. Les essences blanches sont gaspillées et s'unissent aux souffles karmiques remontés du sous-sol. On comprend dés lors que, chez tous les peuples traditionnels, la sécheresse ait été perçue comme une absence de grâces.
Au niveau individuel, cette tendance "infériorisante" est vécue comme une chute et une régression dans les zones occultes du psychisme. Le nomadisme dévié de Freud le conduira à ritualiser cette descente infernale dans la Psychanalyse, une archéologie des traumatismes psychiques ( reprise dans la Scientologie par son créateur R. Hubbard, qui aurait été disciple du magiste noir anglais A. Crowley - selon http://www.barruel.com - pour atteindre l'état de clear operator . Le Professeur Baruk, un éminent psychiatre de l'école de Paris et judaïque pratiquant, voyait même dans le mage de Vienne un "faux prophète", comme ceux annoncés par le Deutéronome.
Toutefois, il est vrai que ce mécanisme de descente existe, dans le Tantrisme, pour réaliser la vacuité de l'ego. Dans le système freudien, et plus tard celui de Jung qui réinterprètera à rebours les symboles initiatiques, il est utilisé pour affirmer le moi mondain. La finalité est donc diamétralement opposée. C'est donc un contre-Eveil sur la base des souffles karmiques que propose la Psychanalyse freudo-jungienne.
Les souffles karmiques de l'environnement ou le corps subtil d'un être sont normalement neutralisés lorsque l'espace et la société sont cosmisés. Les déchets sont alors rejetés ad-infernis, dans des sphères de décomposition. Lorsque l'espace et l'être ne sont plus cosmisés, les souffles karmiques sont réveillés par l'énergie vitale en circulation dans l'environnement et sur les pétales de lotus. Ils se nourrissent alors des essences blanches et reviennent provisoirement à la vie ( comme la purée en flocons sur laquelle on verse de l'eau ). Les souffles karmiques se manifestent alors sous la forme de démons, c'est à dire d'êtres subtils pervers et de tendances inconscientes comme celles qu'étudie la science psychiatrique tantrique du Tibet.
Le danger de ces entités et de ces tendances inconscientes est qu'elles irradient des souffles empoisonnés, qui capturent les essences blanches pour s'en nourrir et qui empêchent ainsi leur transformation en souffles d'Éveil. Il arrive également que, dans certaines circonstances, des flots de conscience se mélangent au nôtre ou viennent momentanément interférer avec le corps grossier présent, habituellement associé à notre conscience. On parle au Tibet de personnes qui, brusquement, semblent éprouver ce qu'on appelle en Occident un dédoublement de personnalité.
Au Tibet, on attribue cela à une influence extérieure qui fait qu'un autre flot de conscience vient momentanément transformer la façon dont le corps s'exprime ou l'expérience qu'on a eue, conduisant à décrire des lieux que, dans ce corps, on n'aurait pas normalement eu l'occasion de visiter ou encore des événements que, dans ce corps, on n'est pas censé avoir connus. Cela semblerait indiquer qu'un autre flot de conscience est venu momentanément interférer avec notre flot de conscience, ou ce que nous considérons comme tel, et le corps physique.
Dans le Tantrisme, cette interférence est recherchée par un contact avec une divinité. Par exemple dans le ReiKi, Mikao Usui est possédé par Mao-Son et se transforme en petite Kuramayama, produisant les mêmes effets de guérison que le Kami, mais en mode initiatique et individuel. Il est devenu individuellement le vecteur des influences de guérison du Kami de Vénus. Le Dalaï-lama est, dans les mêmes modalités, un tulku, un corps d'Émanation, d'Avalokiteshwara. Le Tennô du Japon est fils de Jimmu Tennô, etc, etc.
A l'inverse, lors de la possession démoniaque, ce sont des souffles karmiques qui se fixent sur une victime et la poussent à irradier des influences perverses. C'est à ce titre que les Lamas tibétains sont appelés à effectuer des exorcismes. Ces rites sont d'une grande importance en relation avec le phénomène dit de la "réincarnation". En effet, des enfants, par exemple, ont décrit fréquemment et avec une précision troublante des faits, des lieux, des personnes, ce qui semblerait indiquer qu'il existe des réminiscences d'expériences vécues dans un autre contexte de l'association du flot de notre conscience avec un autre support physique.
Ces différents points amènent le pratiquant ou le philosophe bouddhistes à penser qu'il y a un aspect de la conscience qui n'est pas réductible aux agrégats de ce corps grossier ( les cinq éléments ) et dont la continuité peut se perpétuer d'un état de l'existence à un autre ( voir le discours des "Trois Sciences" de Sakyamouni ). Le Tantrisme, à la suite du Bouddhisme, nie l'existence d'un Soi tant que l'Éveil de la capsule du cœur ne s'est pas produite. Tant que l'Éveil ne s'est pas ainsi manifesté, toute notion de moi est une imposture, une parodie psychique de l'état de Bouddha, une maladie mentale plus ou moins grave selon le terrain humoral de chacun. Et dire que le but de la Psychanalyse, qui a inspiré les méthodes collectivistes de l'Éducation Nationale, est de renforcer l'ego pour lui permettre de se réaliser !
Les mécanismes de réminiscence d'expériences vécues sont alors encore plus dangereux car ils pourraient donner une base expérimentale à la croyance erronée en un moi qui se réincarne pour évoluer ( comme le pensent les spiritualismes nés en parallèle du mouvement socialiste français après la Révolution et dans le courant du 19ème siècle ). A vrai dire, la transmigration de la capsule du cœur non-éveillée se fait plutôt dans le sens d'une descente dans des états de plus en plus ignorants. La cosmologie bouddhique décrit trois niveaux de réalité ( les mondes sans forme, de la forme, des désirs ), et six classes d'existences au niveau le plus bas ( dieux, titans, hommes, animaux, esprits avides, esprits infernaux ), le long desquels s'écoulent les êtres non-éveillés.
Lorsque l'être n'est pas protégé par les sacrements religieux, qui l'enferment dans un état d'existence pour permettre à son flux de conscience d'accumuler suffisamment de souffles de sagesse, il peut être sujet à une remontée d'informations des états inférieurs avec lesquels il est en relation de part sa nature même de dépendance avec la Vacuité. On a parlé d'un rayon traversant les états multiples de l'être dans la manifestation, et le long duquel les informations spirituelles descendent et les informations karmiques subvertissent le sujet.
Il est donc nécessaire d'activer une telle relation à cet axe pour que les influences infernales soient stoppées, et les influences spirituelles reçues. Dans le Shintô, on honore ainsi les Kamis célestes, qui sont vécus comme nos "pères", et les Kamis terrestres, fermant la porte aux influences infernales, et qui sont vécus comme nos "mères". Dans le Bouddhisme tibétain, les animaux sont ainsi vécus comme nos "vieilles mères", ce qui ne doit certainement pas être compris dans un sens évolutionniste ( comme celui de Darwin ).
Dans le Tantrisme, les démons sont visualisés comme de vieilles mères, des partenaires féminines avec lesquelles l'adepte doit s'unir pour les subjuguer ( on voit encore ici que Freud a singé cette réalité dans sa théorie du complexe d'Œdipe, réinterprétant à rebours le mythe grec ). D'ailleurs, le mot tibétain pour démon est gDon, ce qui signifie "faire venir devant", et que l'on traduit par "effet de radiation" pour le rendre accessible aux scientistes.
Toutefois, du fait même de leur participation ( même inconsciente ) au même rayon spirituel, les démons n'en ont pas moins autant d'existence que nous. En les dépolarisant et en les ramenant dans la dimension d'Éveil, il est possible de transformer leurs radiations empoisonnées en souffles de sagesse. Mais pour cela, il faut réaliser une inversion de la polarité interne, comme celle qui est mise en œuvre dans le ReiKi. Un adage taoïste dit : "Pour celui qui est uni au Ciel ( goutte rouge au crâne ), même les génies sont soumis".
Une des pratiques yogiques consiste à s'unir avec une démone-mère pour en tirer, non pas une descendance, mais une jouissance sexuelle qui introduit à la jouissance-vacuité propre à l'état de Bouddha. L'adepte réalise au final le "Grand Sceau", jouissant de lamudrananda, la jouissance-vacuité du Grand Sceau.
La démone incarne alors toutes les limitations karmiques du pratiquant et particulièrement ses projections mentales erronées. Elles apparurent au nombre de cinq à Sakyamouni lors de la nuit de son Éveil. Le travail d'alchimie du Bouddha ( méditation ) lui permit de réaliser que les cinq filles de Mâra n'étaient que des illusions, des formes karmiques des cinq parèdres des Bouddha transcendantaux ( archétypes des cinq éléments ). Face à sa réalisation sans faille dont la Terre était témoin, elles se transformèrent en lumière et disparurent. Mâra, le prince du monde karmique, était vaincu.
De même, nos émotions perturbatrices ne sont que des manifestations karmiques de notre absence d'Éveil. En les reconnaissant dans leur véritable nature, nous pouvons les transformer en souffles de sagesse. Voilà quel est le dernier et le plus grand des pouvoirs des siddhas.
Luxembourg, avril 2001.
Sur les aspects cliniques de la démonologie, voir l'étude de Terry Clifford, La médecine tibétaine bouddhique et sa psychiatrie,Dervy, Paris, 1997.
Sur le Kalachakra, voir la traduction de Sofia Stril-Rever, Tantra de Kalachakra, Le Livre du corps subtil, Desclée de Brouwer, Paris, 2000 et http://www.buddhaline.com.
Milarepa, le célèbre siddha tibétain, exaltait un processus d'alchimie tantrique comparable à celui du ReiKi en ces termes :
"La jouissance-vacuité s'élève quand le feu interne embrasse tout le corps. La jouissance-vacuité se produit quand les souffles de Lalana, la Lécheuse, et de Rasana, la Goûteuse, s'unifient dans la veine subtile du milieu. La jouissance-vacuité se produit lorsque l'esprit d'Eveil-père descend et que la goutte mère translucide remonte. Quand les essences mâle et femelle deviennent une seule au cœur, le corps tout entier déborde de la joie d'une extase immaculée. La jouissance-vacuité des yogas secrets se produit six fois de suite" ( Thames & Hudson, The Tibetan Art of Healing : Milarepa, London, 1997, p.183 ).
Annexe : texte sur les démons dans la voie bouddhique de Padmasambhava, le maître tantrique introducteur du Bouddhisme au Tibet.
"Il y a autant de pratiquants du Dharma que d'étoiles dans le ciel, mais ceux qui parmi eux ignorent les obstacles tendus par le démon sont encore plus rares que le soleil et la lune. Sans ces obstacles, il serait plus facile d'atteindre la libération que d'accomplir des actes méritoires pendant une année. Aussi est-il nécessaire d'identifier ces démons et de les déjouer. Tout d'abord, tandis que vous êtes pris dans la cité de souffrances du Samsara, vous pouvez avoir un peu de foi dans le Dharma, mais voici que le démon de l'attachement à la réalité grossière et de la paresse, emporte cette foi ; haïssant vos ennemis, attachés à ceux qui vous sont chers, obsédés par l'esprit de compétition, emportés par les activités mondaines, sans plus penser à la mort, vous remettez toujours la pratique à plus tard, pour vous livrer à d'illusoires occupations.
Cela même est le démon. Pour l'éloigner, cherchez un maître qualifié qui suscitera en vous une foi indéfectible, réfléchissez sur la mort et l' impermanence, la racine de l'inaltérable diligence. Délaissez les activités mineures pour vous livrer à la grande tâche du Dharma. C'est alors que surgira le démon qui fait changer d'esprit. Il pourra prendre l'apparence de quelqu'un qui vous est proche, ou d'un ami. Ne pratique pas le Dharma, vous dira-t-il, et il trouvera toutes sortes de façons pour créer des obstacles à votre pratique. Il pourra d'autres fois se manifester comme la crainte d'ennemis, ou comme l'esprit de compétition, ou encore comme l'argent et les richesses .Vous gaspillez ainsi votre vie et, remettant toujours la pratique au lendemain et au surlendemain, vous finirez enlisés dans le marais du Samsara.
Pour soumettre ce démon, il vous faut donner votre confiance à un maître spirituel et aux Trois Joyaux, et prendre vous-même vos décision sans demander aux autres leur avis. Alors, tandis que vous demeurez auprès du Maître, c'est le démon qui vous fait douter de lui et le considérer comme votre égal qui apparaît. Pour preuve de son infiltration, vous perdez de vue les qualités de votre maître et vous lui trouvez quelques défauts infimes. Vous vous faites des idées fausses sur ses actes qui ont tous une intention profonde. Vous vous arrangez pour acquérir des biens et de la nourriture sous des prétextes religieux. Parti pour le Dharma, vous arrivez aux enfers. Cela est véritablement le démon. Pour le déjouer, voyez votre maître comme le Bouddha. C'est alors que vient le démon du recul. Vous n'avez en tête que femmes, argent, commerce, fraude, amassement de biens ... Et pour preuve, vous abandonnez l'habit monastiques, vos compagnons, votre pratique ; vous ne voulez plus écouter les enseignements et agissez selon les attachements et les aversions du monde. Vous avez soif de femmes et d'alcool et vous vous détournez des paroles du Bouddha. Pour soumettre ce démon-là, persévérez avec ténacité dans le Saint Dharma. Concentrez-vous sur les méthodes profondes qui vous inspirent, laissez au loin les femmes et toutes les actions étrangères au Dharma et songez toujours à la vie des grands maîtres. Cela est important". Devenir blasé des enseignements est le démon qui apparaît ensuite.
Comme signes de son arrivée, vous vous enorgueillissez d'avoir reçu tel ou tel enseignement, sans saisir le sens, vous êtes empli de théories ; ayant quelques bribes de connaissances, vous divulguez des choses secrètes dans les endroits publics. Quels que soient les enseignements profonds qui vous sont donnés, vous dites : "J'ai déjà entendu cela", de la sorte une compréhension certaine ne naîtra jamais. Ne pas atteindre le point ultime du Dharma est le démon. Pour le contrer, étudiez et réfléchissez encore et encore sur ce que vous avez déjà reçu et imprégnez-vous du sens de ces enseignements.
Puis, c'est le tour du démon de vos qualités prises qui s'insinuera en vous, déguisé en bienfaiteurs et disciples. Sans vous adonner à la pratique, vous vous targuez d'être savant, vous n'avez d'yeux que pour vous-même et devenez avide de richesses. Ainsi seront dressés des obstacles qui Comment dompter ce démon-là ? Faites le vœu de rester longtemps dans les solitudes des montagnes et renoncez à toute autre activité que celle du Dharma.
C'est alors que s'approche le démon des théories métaphysiques. Vous discriminez de façon partisane entre vos points de vue et ceux d'autrui et le Dharma tourne aux cinq poisons. Renoncez alors aux rivalités dogmatiques et exercez-vous à voir, sans déformation, la pureté de toutes choses. Ensuite, au moment de méditer sur le Yidam, s'insinuera le démon du doute envers la divinité. Vos pensées alterneront entre la considération et la négligence du Yidam. Vous voudrez faire acte de puissance pour réduire les démons à merci. Vous voudrez pratiquer les diverses activités; sans avoir achevé les récitations, tout amener en votre pouvoir et prononcer les mantras destructeurs. Pour soumettre ce démon, l'opposé de la divinité de connaissance, quel que soit le Yidam que vous méditez, sans vous concentrer sur ses signes et attributs, laissez simplement paraître la nature de l'Eveil et renforcez vos samayas de corps, parole et esprit.
Quand vous serez libérés de ce démon et que vous méditerez sur les veines et sur les souffles, le démon qui interrompt la pratique viendra créer des obstacles à votre développement spirituel. Incapables de supporter la moindre souffrance, vous arrêterez votre pratique et en arriverez à éprouver de la réticence à méditer. Si cela se produit, réfléchissez aux misères du Samsara et vous serez affranchi de ces obstacles.
Bien que vous puissiez avoir traversé cet obstacle, lorsque vous essaierez de progresser au moyen de la Grande Félicité, le démon de la Dakini fondra sur vous. Vous déclarant yogi, vous engrosserez les filles d'une progéniture nombreuse et, ne vous en occupant pas, toutes sortes d'actions négatives s'ensuivront. Tranchez alors les rets du désir et défiez-vous de la bonne opinion qu'autrui pourrait avoir de vous. Une fois dégagé de cela, tandis que vous méditez sur le vide, le vide lui-même devenant un ennemi, sera le démon qui surgira. Rien n'existe, déclarerez-vous, tout en inversant le péché et la vertu dans vos actes. Vous n'aurez plus foi dans les Trois Joyaux ni de compassion pour les êtres. Lorsque cela se produit, nourrissez la vertu, débarrassez-vous des actes négatifs et exercez-vous à la vision pure, à la dévotion, à reconnaître les interdépendances et à réaliser l'unité du vide et de la compassion. Viendra aussi le démon de la compassion en tant qu'ennemie. Vous vous hâterez prématurément de faire le bien des autres, ajournant votre propre pratique. Contre cela, développez l'aspect votif de la bodhicitta en en relâchant l'aspect actif. Enfin, il est dit que tant que vous n'aurez pas atteint la Bouddhéité, les obstacles du démon se succéderont de façon ininterrompue. Mais si, abandonnant toutes distractions, vous vous donnez tout entier à la pratique de l'accomplissement, il n'y a aucune sorte d'obstacle du démon qui pourra avoir raison de vous".
Source http://www.reikitibetain.net/indexvajrayana/siddhasiddha.htm
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