La sexualité comme défoulement émotionnel :
Pour certains d'entre nous, la vie semble n'avoir aucun sens. Le monde environnant est froid, dur et impitoyable. Nous avons été conditionnés à l'idée qu'il faut lutter pour obtenir de la considération et de quoi subsister.
Chacun se trouve donc seul face à lui-même. Ceux qui abordent le monde avec ce regard sont tentés de s'engouffrer dans la sexualité comme dans un refuge contre la solitude et le désarroi, dans l'espoir d'y trouver une niche de chaleur humaine.D'autres vivent leur quotidien coincés par des charges et des devoirs plus ou moins stressants, plus ou moins désagréables ou épuisants. Ils voient le temps défiler sans profiter de la vie. L'orgasme constitue une exception, une parenthèse: ils sentent un courant de vie intense couler dans leur corps. C'est comme un rappel que la vie existe.
D'autres encore se sentent seul(e)s et en manque affectif. La rencontre sexuelle occasionnelle leur donne l'impression fugitive plus ou moins consciente de combler leur vide affectif. Ces moments ne sont que des bouffées d'air qui permettent de supporter le reste. Ils ne règlent rien sur le fond.
En prêtant attention à notre ressenti après l'acte sexuel, il est facile de nous rendre compte si la rencontre sexuelle n'est qu'une compensation, un pis-aller, une illusion destinée à occulter un besoin plus profond ou si elle résulte d'une attirance amoureuse et d'un échange authentique. L'acte sexuel accompli dans le cadre d'une relation d'amour véritable crée un sentiment d'assouvissement, de plénitude, de sérénité et de bonheur. On en ressort grandi et dilaté.
Au contraire, dans le cas d'une compensation illusoire, une fois l'orgasme passé on est à nouveau seul face à soi-même, et
face à l'autre qui n'a été qu'un complice passager. L'acte n'a pas étanché la soif de vivre. Il en reste un sentiment de manque, de tristesse, de nostalgie, de vide. Alors, on en redemande pour
retrouver cette brève sensation de vie. La sexualité est utilisée comme une drogue pour fuir son malaise (voir Drogues et développement spirituel). Elle se transforme peu à
peu en une addiction et une obsession .
ATTENTION: Pour éviter les fausses interprétations et bien faire comprendre l'intention de cet article, il est important de
préciser que je ne décris pas une sexualité que je taxerais d'inadéquate ou même mauvaise, pour la remplacer par une bonne sexualité qui serait considérée comme un modèle à atteindre. Ici,
il ne s'agit ni de modèle, ni de morale. Mon intention est d'attirer l'attention sur notre état d'âme, de vérifier si nos actions sont en accord avec nous-mêmes ou si elles obéissent à des
codes de conduite qu'on se croit obligé de suivre. J'invite à faire connaissance avec les ressources dont nous disposons pour se sentir mieux.Je suggère que chacun trouve lui-même ce qui lui
convient et choisisse ce qui est le meilleur pour son épanouissement.
Satisfaire le besoin de sexe
Certaines rencontres sexuelles, habituellement de la part des hommes, n'ont d'autre but que de trouver une partenaire pour satisfaire leurs pulsions. Dans ce cas, la femme est considérée comme un objet dont il faut tirer le maximum de jouissance, sans qu'il soit nécessaire d'éprouver un sentiment envers elle. Ce vide affectif est déploré par les femmes, y compris les adolescentes. "Les garçons ne pensent qu'à baiser!" déplore l'une d'entre elles; une autre s'indigne: "A notre premier rendez-vous, il ne m'a même pas embrassée, il a voulu qu'on le fasse par derrière tout de suite."(Dr Leleu, Sexualité, la voie sacrée)
Les hommes justifient parfois ces comportements par des prétextes erronés. Ils croient que le sexe fonctionne de cette manière, car ils l'ont vu dans les films. Ils se font leur cinéma intérieur et se disent que si la femme dit non, c'est qu'elle veut dire oui, parce qu'elle aime qu'on aille la chercher de force (la femme peut parfois être confuse à ce sujet, à cause d'un fort besoin d'être aimée). Ce sont des idées toutes faites et sans fondement sur ce que l'autre aime et pense. On peut remarquer qu'une telle attitude néglige l'écoute de l'autre, le dialogue, la communication vraie.
Il n'est pas dans mon intention de juger de tels comportements, mais de vous inviter à vous demander s'ils vous satisfont.
Vous laissent-ils un sentiment de frustration et de tristesse, ou de contentement et de plénitude? Si les deux partenaires y trouvent contentement et plaisir, alors cela indique qu'ils vivent ce
qui est juste pour eux d'expérimenter.
Évacuer les tensions
Les hommes mettent souvent leurs envies impérieuses de sexualité sur le compte de leur instinct sexuel et de leurs besoins physiologiques. C'est une réponse trop facile et trop superficielle qui fait l'impasse de leur ressenti profond. S'ils y prêtent attention, sans écarter l'influence de l'instinct, ils pourront détecter d'autres influences dominantes issues de leur personnalité. Il s'agit souvent du besoin de défouler des tensions vives, autrement dit de se lâcher. Leur corps est tendu par le contrôle de soi (voir Psychologie biodynamique). On les a éduqués à être toujours à la hauteur, être forts, ne pas faillir. En conséquence, ils ont appris à se contrôler, à ne pas exprimer leurs émotions et leurs doutes. Leur corps en porte l'empreinte.
Le trop-plein de tensions peut être évacué par différents moyens, mais les hommes ont peu d'occasions de se relâcher. Ils le font au travers des conflits et des accès de colère, ou dans les sports où ils dépassent leurs limites. Dans les sports de l'extrême, ils vont au bout de leurs tensions pour lâcher et sentir enfin de fortes pulsions de vie. Un autre moyen de les ressentir est l'orgasme.
L'orgasme est pratiquement le seul moment de leur vie quotidienne où ils font l'expérience du lâcher-prise complet. Ils s'y
abandonnent un bref instant avec délice, sans que cela aille à l'encontre de leur image de mâle. Ils peuvent alors sentir les forces de vie couler dans leur corps comme la sève de
l'arbre.
Par Alain Boudet
Écrire commentaire