« Pourquoi les Chamanes Indiens n’ont-ils pas su arrêter invasion, massacre et acculturation ?
Sans doute leur pouvoir s’exerçait-il dans le cadre d’une certaine écologie, d’un certain équilibre entre l’homme et la nature, où celle-ci était davantage une alliée, une force à respecter, qu’une matière inerte, abat tout bonne à être exploitée.
Lorsque le pouvoir de chosification et d’accaparement devient trop fort, l’équilibre se perd et la culture meurt.
L’homme blanc a conquis les terres du Nouveau Monde au détriment de son propre équilibre biologique et spirituel.
Ce qui se pratique actuellement dans la forêt amazonienne comme sur toute la planète, revient à détruire purement et simplement le gigantesque, merveilleux et mystérieux organisme vivaient qu’est notre biosphère et auquel nous devons, à chaque seconde, la vie.
De ce point de vue_ vital, c’est le moins qu’on puisse dire ! _ La civilisation occidentale s’est comportée comme une force prédatrice, sanguinaire, totalement aveugle.
Ce n’est qu’aujourd’hui, cinq siècle après le plus grand génocide de l’humanité, que nous commençons péniblement à réaliser notre mortelle folie_ et encore : avec quelle lenteur de réaction !
Dans ces conditions, dire qu’il existe « des espèces animales ou végétales aux capacités thérapeutiques extraordinaires que l’on est peut-être en train de détruire définitivement « comme disent les scientifiques, est un doux euphémisme.
Ne soyons pas définitivement pessimistes. Cela ne servirait à rien. Nous vivons dans une période étonnante, où le monde occidental se tourne à nouveau vers la sagesse de ceux qui sont restés en relation avec la nature. Les Hopis, les Pueblos, comme tous les Indigènes et Aborigènes encore vivants sur cette Terre, ont conservé les clés du renouveau. Et nous le reconnaissons enfin.
Au fond, les maladies collectives dont il est ici question ne sont autres choses que le déséquilibre entre le féminin et le masculin.
C’est pourquoi il est si important de le restaurer soi-même. C’est la seule façon de pouvoir le restaurer dans notre environnement.
Là aussi on objectera l’argument classique : n’est-il pas plus important de s’occuper des humains en perdition et de la nature en péril autour de nous, plutôt que de se regarder le nombril ?
Qui n’a pas été tenté par la séduction de l’activisme militant ?
Mais il y a des étapes incontournables . Profond est notre besoin d’écologie personnelle_ L’anthropologue Grégory Bateson, qui fut longtemps le compagnon de Margaret Mead, parlait d’une « écologie de l’esprit » .
Un déséquilibre intérieur important serait un handicap trop grave, dans la démarche d’un écologiste, ou d’un militant humanitaire conséquent.
Comment pourrais-je défendre l’Humanité et la Terre-Mère si je ne les ai pas d’abord retrouvé en moi ? Je n’agirais alors qu’avec la tête, pas avec le coeur_ et je ne serais efficace qu’au dixième » .
Maud Séjournant
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